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Le blog d'Aimé BLUTIN
4 octobre 2008

LAÏCITE

Tribune libre : Marc NICOLLIN

Laïcité "positive" NON

Laïcité OUI

 

La loi du 9 décembre 1905 a eu pour fonction d’instaurer l’indépendance du pouvoir politique face aux puissances religieuses et, en particulier, à celle de l’Eglise catholique dont la pesanteur sur la société avait été déjà ébranlée par plusieurs lois « Jules Ferry » sur l’école laïque, gratuite et obligatoire ou celle sur les Congrégations religieuses

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La loi de 1905 a fondamentalement reconnu la liberté de conscience en même temps qu’elle assurait le respect du libre exercice des cultes et de l’organisation interne des religions.

Depuis, la République ne reconnaît plus aucun culte, et il n’est plus question que tel ou tel bénéficie de fonds publics. Ces diverses dispositions concrétisent le refus d’une religion civile : non seulement être adepte d’une religion ou être athée relève d’un choix individuel, mais la religion est privatisée : d’une part, il n’est pas demandé de service public aux différents cultes ; d’autre part, les services publics de l’Etat ne doivent porter aucune marque de caractère religieux.

Elle a consacré une conception délibérément politique de la laïcité, assignant au spirituel et au temporel des espaces juridiques distincts.

Tous les véritables démocrates reconnaissent maintenant, en France, la valeur de ce texte fondateur, point d’aboutissement de toute une série d’évolutions historiques et philosophiques contre l’intégrisme, le dogmatisme et la théocratie politique.

Résultat d’un conflit, la laïcité a permis et maintenu la paix civile. Toute une symbolique républicaine s’est développée autour de ce concept.

Mais, aujourd’hui, le contexte culturel et religieux est différent de celui de la promulgation de la loi de 1905 : l’Eglise catholique n’occupe plus la même place dans la société qu’au début du 20éme siècle, elle n’a plus la même emprise ; le fait social de la pratique religieuse a évolué et de nouvelles croyances se sont répandu dans la société française contemporaine avec en particulier, l’apparition et le développement de l’Islam en France.

Tout ceci permet de définir la laïcité différemment et d’abord par ce qu’elle n’est pas

Aujourd’hui, la laïcité ne se confond ni avec l’incroyance ni avec l’athéisme. Elle ne se construit surtout pas sur une négation et une condamnation de la foi. Vouloir la réduire à cela, c’est tourner le dos à une éthique d’ouverture et de tolérance nécessaire à toute vie harmonieuse en société. Il ne s’agit en aucune façon de reprendre un quelconque dogmatisme laïc anachronique. « Si nous nous contentons de répéter le passé, nous fonctionnons comme des fondamentalistes et la laïcité devient alors un refrain usé dans lequel la jeunesse ne perçoit ni rythme ni harmonie » affirme Edgard Weber.

En aucune façon, elle ne doit devenir « une sorte d’idéologie absolutiste », alors qu’elle relève fondamentalement des champs de l’éthique et de l’humanisme.

Il faut au contraire, promouvoir une laïcité libérale et tolérante, une laïcité qui soit l’affaire de tous, un cadre de vie, une manière d’être ensemble, un horizon vers lequel on marche en se dépassant, en passant du particulier à l’universel… Cette démarche implique que nous soyons capables de nous défaire des obsessions antireligieuses, mais de redoubler de vigilance quand certains fixent à l’individu une conduite de vie au nom de dieu…

Toutes les croyances sont acceptables - à condition qu’elles respectent la liberté et la dignité de la personne humaine – mais en aucune façon la sphère publique ne doit être perturbée, de quelque manière que ce soit, par les croyances individuelles.

En plaçant l’espace public au-dessus des positions et des querelles religieuses, la laïcité met l’accent sur ce qui rapproche les citoyens et non ce qui les divise. Elle est garante d’une société tolérante, respectueuse de la liberté de conscience de chacun ; elle est un art de vivre ensemble, une règle de convivialité rendue encore plus nécessaire par la cohabitation de communautés diverses dans notre espace social.

C’est un concept qui implique une vision de la société reposant sur un ensemble de valeurs comme la tolérance, la liberté absolue de conscience, le respect des autres et de soi-même, la dignité de l’être humain, la fraternité…

Elle est une éthique de la liberté car si elle est fille de la Raison, elle reconnaît la respectabilité de chaque conscience et de chaque opinion, chacun ayant fondamentalement le droit à la liberté de pensée et d’expression. Elle a pour principe premier le respect de l’homme dans son intégrité physique, morale, spirituelle et philosophique.

Ceci s’applique à tous, chaque citoyen étant libre de croire, de ne pas croire ou de douter mais implique pour chacun un devoir de réciprocité et de respect de la pensée de l’autre.

Elle garantit le respect des différences et la coexistence harmonieuse entre les cultures.

Ceci ne peut être obtenu que si les conceptions religieuses ne s’expriment que dans le domaine privé et restent donc en dehors du domaine public et par extension de l’organisation de la société et de son fonctionnement.

Nous sommes là au cœur de la pensée laïque moderne qui génère à la fois un principe d’organisation, une règle de gestion des rapports sociaux et un statut juridique du corps social.

La Laïcité est en cela un des fondements de la République. Enrichissement permanent de la démocratie, elle est la garantie indispensable d’une véritable citoyenneté, une source de progrès, de solidarité et de fraternité. Elle constitue un rempart contre toutes les formes d’intégrisme et de communautarisme.

Parce que la laïcité n’a pas de sens sans la fraternité, il faut tout mettre en œuvre pour qu’aucun ghetto ne se forme, pour qu’aucune communauté ne se retranche sur elle-même, installant ainsi un communautarisme qui ne met personne à l’abri des dérives cultuelles et qui rend bien difficile le passage du particulier à l’Universel.

La laïcité doit rester en l’état

Non a la laïcité « positive »

La laïcité tout simplement

Aujourd’hui plus qu’hier, ce concept nécessite pour sa diffusion non seulement une veille active mais aussi une large communication et de l’éducation citoyenne notamment en direction de la jeunesse.

La défense et la promotion des idées laïques dépendent de la volonté et de la détermination de tous ceux qui oeuvrent pour le rayonnement de la Laïcité et qui se doivent de multiplier les actions nécessaires pour l’affirmer chaque jour un peu plus, avec force et vigueur, au cœur de notre République.

Marc Nicollin


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